En argentine, l’économie est exotique et il faut perdre ses réflexes au profit d’un bon sens différent, quitte à risquer le coup de blue… je m’explique !
Le principal problème de l’Argentine est l’inflation.
Le pays connait en effet des crises économiques régulières. Par exemple en 1989, le président voulant stopper l’inflation de 100 à 600 % qui sévissait tous les ans a décidé de créer une nouvelle monnaie… pas de chance, cela a fait monter l’inflation annuelle à plus de 3000 %.
Actuellement la situation est un peu plus stable, mais l’inflation reste de l’ordre de 10 à 20 % chaque année, ce qui engendre un bon nombre de situations originales !
Première différence, tous les argentins achètent à crédit et semblent avoir raison de le faire. En effet, s’endetter et payer des taux d’intérêts devient avantageux quand l’inflation est plus importante que ces derniers taux et rend l’épargne fondante !
Ceux qui souhaitent épargner cherchent alors à convertir leurs deniers vers des monnaies plus stables, telles que le dollar ou l’euro. Forcement ceci se fait au détriment de la monnaie nationale, le pesos argentin, qui, s’il risque de ne plus être utilisé verrait son inflation s’accélérer, bref, un cercle vicieux.
En 2011, le gouvernement a donc décidé de limiter les possibilités de conversion aux argentins : il est actuellement possible de changer des pesos en dollars ou en euros mais seulement dans une certaine limite très maigre, fonction du revenu de la personne, et en effectuant de lourdes démarches administratives pour le déclarer.
C’est alors qu’est apparu un nouveau marché : le blue dollars (ou euros) !
Il s’agit en réalité du taux de change « officiel » du marché clandestin, qui propose de changer les pesos instantanément, sans paperasse et sans limitation… mais à des taux « un peu » plus cher, type 50%. Cependant, au vu de l’inflation, en quelques années l’affaire devient rentable.
Pour le touriste, c’est l’effet inverse qui se produit. A l’heure où j’écris ces lignes, le blue euro vaut 18 pesos au lieu de 10 en passant par le circuit officiel, ce qui permet de devenir drôlement plus riche ! Il suffit pour cela d’aller voir un changeur de rue, disponible dans le centre de toutes les grandes villes, nommé « arbolito », car comme les arbres ils ne bougent pas, mais à leur différence parlent pour dire « cambio, cambio » toutes les 15 secondes.
Le plus fou, c’est que tous les argentins utilisent ce marché parallèle, supposé illégal mais présenté systématiquement dans les taux de change à la télévision par exemple !
Un effet de l’inflation est aussi la dévaluation des billets.
Le pesos argentin, ou $Ar (notez la barre simple du $ à la différence du dollar), a pour plus grande monnaie le billet de 100 pesos, c’est à dire… moins de 6 euros au taux blue, et sa valeur chute de jour en jour. L’épaisseur du porte monnaie est donc impressionnante !
Le problème se répercute sur les distributeurs de billets, qui délivrent généralement 30 billets maximum par opération (environ 170 euros aujourd’hui). En période de congés, ceux-ci sont pris d’assauts, les argentins souhaitant mettre de coté de l’argent liquide avant de partir en vacances. Il est fréquent de voir des personnes faire des queues de 30 minutes à une heure, pour finalement se voir dire que le distributeur a été vidé et devoir partir sans le sou !
Bref, un thème compliqué, mais qui favorise fort heureusement le bon colon étranger qui vient avec une poignée d’euros ou de dollars ! 😛