Les Porteños, ce sont les habitants de Buenos Aires. Et lorsque la saison du père noël arrive que font-ils… ? Et bien ils foncent à la plage, car dans l’hémisphère sud, décembre et janvier ne sont pas synonymes de retrouvailles en famille au coin de la cheminée, en regardant par la fenêtre la neige tomber, la nostalgie de l’enfance au coin des yeux et des narines. Non, ici ce sont les vacances estivales, avec une chaude température permettant d’aller se baigner ou bronzer sous un grand soleil !
Et les plages les plus prisées par les Porteños sont très étrangement les plus proches de la capitale, c’est à dire la côte sud de Buenos Aires (puisque la côte nord appartient à l’Uruguay). Coup de chance, c’est là bas et en cette saison que mon voyage a commencé !
Un climat agréable, des rencontres exclusivement locales d’argentins, mais des prix saisonniers parfois un peu excessifs pour mon maigre objectif budgétaire…
San Clemente del Tuyu
Après la traversé de petits villages intérieurs et d’une nuit de campement sous la vigilance bienveillante de la police de Lezema, le premier arrêt balnéaire fut San Clemente del Tuyu, charmante petite ville en bord de mer, d’une taille et d’un développement raisonnables qui permettent de profiter d’une relative tranquillité.

Le routard passe difficilement inaperçu sur les plages avec son sac à dos !
Cet aspect différent a l’avantage d’attirer l’attention des argentins, qui sont parfois bien curieux et généreux. Alors que je voyais des familles préparer des asados (sortes de barbecues) et rêvais d’être invité à partager cette tradition argentine à la manière de modèles tel qu’Antoine de Maximy, mon vœu fut aussitôt exaucé sans avoir rien eu à faire ! L’accoutrement a attiré les questions d’une famille, qui m’a ensuite inviter à déguster la viande en sa compagnie et en bord de mer… le tout accompagné d’un vin rouge mélangé à du sprite !
Après une visite rapide de la ville, je rencontre mes hôtes pour ces quelques journées, David et Vanessa, qui construisent leur maison et vivent pour le moment en tente dans leur jardin ! Leur apparence aussi est distincte, avec un bien beau combi, un chouia de musique reggae, des conversation très intéressantes et beaucoup de partage.

A la plage avec David et Vanessa
Ainsi, je découvre avec eux qu’ici l’espace ne manque pas, et qu’il est possible d’entrer sur la plage en voiture (ce qui n’est pas le cas dans les villes plus grande). Le soleil tapant fort, l’abri en tente est également très populaire :

La plage ressemble parfois à un grand camping

Le repaire des sauveteurs en mer !
Avec ce jeune couple d’artisans du cinéma, j’ai le plaisir de connaitre et profiter des différentes plages de la ville, de tester un nouvel asado très riche au clair des étoiles, ainsi qu’une balade en canoë de mer au coucher du soleil près du port : une crique sauvage où nous sommes les seuls, avec petits îlots tranquilles, crabes, flamands roses et vols d’oiseaux au coucher du soleil…

Asado dans le jardin

Coucher de soleil sur le port…
Après cette première expérience plus que positive, je suis plein d’enthousiasme et d’espoirs. Mais pas de chance, en faisant du pouce, je suis ensuite emmené par des jeunes à Mar de Ajo où nous arrivons tard. Ils changent alors d’avis pour préférer faire la fête à m’héberger et me déposent devant un camping hors de prix. La nuit tombant et n’osant pas aller démarcher les résidents, je tente de monter la tente en me cachant au milieu de dunes de sable… Pas de chance, elle ne tient pas et me tombe dessus au milieu de la nuit !
Mar del Plata
La chance me sourit le lendemain et j’embarque pour Mar Chiquita où mon généreux chauffeur m’offre le déjeuner (un choripan !) avant de repartir.
Problème, après avoir consulté la marchande d’un glacier artisanal et abusé de ses douceurs, les campings sont tous hors de prix, avec piscine, sauna… Je décide alors de continuer par la plage jusqu’à Mar de Cobo, et au grès des investigations et des rencontres, je me retrouve en route pour Mar del Plata, ville gigantesque, quatrième plus grande d’Argentine en terme d’habitants, avec plusieurs millions de touristes venant se rajouter l’été !

Phare de Mar del Plata
On m’y promet d’y trouver un camping près du phare, ouvert même tard, qui se révèle être un terrible piège puisqu’il faut payer pour au moins deux nuits et au moins deux personnes…
Heureusement devant ma mine déconfite, le réceptionniste appelle un de ses amis qui vient me chercher en voiture pour un campement bon marché, dans le jardin d’une maison, avec possibilité d’utiliser ses facilités, plus toutes jeunes…
Voici quelques photos pour vous présenter un peu la ville et surtout sa démesure touristique. L’architecture est parfois simplement constituée de grands bâtiments en béton identiques, numéroté de 1 à 40, qui comportent chaque services, et détiennent un rectangle de plage jusqu’à la mer pour y louer des transats.

L’industrialisation extrême du tourisme estival…

Petit endroit de côte sans plage, censé être plus sauvage…
Pour celui qui veut être tranquille c’est râpé, le point noir dans le ciel sur la photo ci-dessus est un avion, avec banderole et hauts parleurs pour faire la promotion d’un chocolat.
La nuit, celui qui rêve de balade contemplative de la mer en longeant la côte par la costanera sera bien déçu. Il verra son attention attirée par de grands écrans lumineux tractés par bateaux ventant les produits Mc Donalds !
Mais pour celui qui rêve de rencontrer des Argentins ou de se divertir, c’est gagné !
Je rencontre par exemple Antonio, vendeur de chewing-gum ambulant sur la plage, que j’accompagne un moment dans son entreprise.
La nuit, ce ne sont pas que les panneaux publicitaires qui s’illuminent mais toute la ville qui grouille d’activités, d’artistes de rue, d’humoristes faisant la réclame pour les théâtres, et la fontaine de la place principale s’illumine d’eau, de sons et surtout de lumières (quand même !), sous des thèmes galvanisants tel que la musique de la publicité des laves vaisselles (ou « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss, pour les néophytes ne jurant que par la musique classique, tsss…), ou bien cet autre thème internationalement connu comme celui interprété par M.Bean durant la cérémonie d’ouverture des JO de Londres (ou « Chariots of Fire » de Vangelis pour ceux qui accordent de l’importance à la chronologie des créations).

Artiste vendant des tickets de loterie et, une fois le tableau fini, tirant au sort celui qui le remportera !
Miramar
En sortie de la ville, je fais rire des ouvriers avec mon carton me servant à faire du pouce et indiquant Ushuaïa, à 3000km de là, et ils m’offrent un maté. Ensuite, ce sont deux chauffeurs qui se bidonnent, puis, sous l’emprise d’une saine curiosité, veulent en savoir plus, s’arrêtent, et me conduisent à Miramar.
Toujours de grands édifices, la région étant très touristique, mais la ville est plus petite et la côte parait un peu plus humaine :

La côte de Miramar

Place principale en centre ville
Comme dans les autres ville, le gouvernement met à disposition des attractions pour les nombreux touristes présents, sous couvert de campagnes de sensibilisation.
Certains argentins m’expliqueront qu’il s’agit très surement de publicité en vue des prochaines élections régionales et présidentielle, qui auront lieu cette année.
A Miramar, c’est donc le ministère des transports allié au leader national du pétrole qui proposent un simulateur de sensations:

Dôme gonflable censé rappeler l’obligation d’utiliser un casque !
A quelques kilomètres du centre, la plage devient falaise et forêt, le vivaro, plutôt bien aménagé, lieu tranquille et boisé où peuvent se pratiquer différentes activités telles que quad, équitation… ainsi que religion, puisqu’on y trouve la « Gruta de Lourdes » (grotte de Lourdes).

La grotte de Lourdes à Miramar
Par contre, les écriteaux défendent la pratique du camping, mais le seul argument rationnel avancé par le personnel pour cette interdiction étant le risque de feu de forêt, n’ayant rien pour en allumer un et la pluie faisant rage, je me permet une petite entorse au règlement et me cache pour éviter d’avoir recours au motif plus probable de cette prohibition, la présence d’un camping municipal payant !

Bivouac caché en forêt, frissons garantis !
Necochea
Gardons le meilleur pour la fin, Necochea !
Après quelques frayeurs en pouce, j’ai la chance de rencontrer un couple de chauffeurs qui me propose une visite guidée de Necochea en voiture, ainsi que de la cité jumelle, Quéquen, seulement séparée de Necochea par le rio homonyme (à Quéquen, pas à Necochea !).
A la nuit tombante et dans l’urgence, je trouve un camping à temps pour pouvoir contempler le coucher du soleil sur la plage, qui se trouve être l’une des plus grandes plages d’argentine (pas de zone de rocher ou de falaises comme précédemment), avec une longueur totale de 72km, une largeur pouvant atteindre 300 mètres les jours de grande forme et de nombreuses dunes.

Vue depuis le camping !

Les dunes de sables, très présentes à Necochea.
Les jours suivants, les déambulations me montreront que le centre-ville est similaire à celui de Miramar, de nombreux immeubles et pas si démesuré. L’avantage est, qu’à l’instar de Mar Del Plata, des artistes se produisent sur la place principale de la ville le soir, mais dans une ambiance bien plus calme, sans la foule qui m’avait précédemment densément enveloppé.

Un artiste sur le fil face à son public.

Le même artiste qui a décidé de faire ses valises.
Si la ville me semble présenter ainsi un bon compromis entre les cotés positifs d’une cité d’une certaine taille sans un bon nombre de ses possibles désagréments, un autre aspect a su me séduire, son développement industriel !
Je m’explique, Necochea détient un port important permettant de stocker et d’exporter des marchandises, souvent d’origine agricole, ainsi que de pratiquer la pêche. Les touristes ne sont donc pas une majorité écrasante de la population en été, de nombreux travailleurs y vivant et des services bon marché (restaurants !) sont également présent. La ville possède donc un aspect plus authentique, ce n’est pas seulement une station balnéaire.

Silos de stockage des céréales et chargement de bateaux.

Port de pêche.
Et si en plus certains endroits portuaires semblent abandonnés et propices à la photographie d’urbex…

Bateau à l’abandon.

Plus fort, bateau mais aussi pont à l’abandon, coupé en deux !!!
… bref, pour toutes ces raisons Necochea a été mon étape préférée sur la très touristique côte nord est Argentine !
Daft Punk – Motherboard.