Par un beau matin, je décide de me rendre dans une grande administration nationale – de type sécu – pour obtenir mon numéro d’assurance maladie. Je remplis donc les formulaires, apporte tous les justificatifs, et affronte toutes les contraintes administratives avec bravoure. Je me signale ensuite à l’accueil, et vais m’asseoir à coté de tous ceux qui attendent. Tous les bureaux sont occupés, et des fonctionnaires d’une quarantaine d’années échangent avec les personnes qui m’ont précédées, probablement plus matinales que moi. Jusqu’ici tout est normal, cela vous est sûrement déjà arrivé.
Quand soudain, le miracle s’accomplit ! Au bout de 10 minutes seulement, un fonctionnaire jaillit dans une tempête rouge et blanche, et prononce mon nom (ou presque) : « M. Samuel ». J’ouvre alors les yeux, et m’avance péniblement, encore abasourdi par l’idée de ne pas pouvoir faire ma nuit de sommeil dans la salle d’attente. Le fonctionnaire m’adresse alors un large sourire et me dit : « Salut mon ami ! ». Mais … comment cela est-il possible ? Pas de temps d’attente ? Un fonctionnaire qui sourit et m’appelle « l’ami » ?
Suis-je encore endormi, ou est-ce un malade échappé de l’asile ? Et bien non, ce phénomène paranormal pour un Français s’appelle le Québec !
Pour plus de compréhension, nous appellerons notre fonctionnaire Martin par la suite. Reprenons donc le dialogue :
Martin (à lire avec un fort accent québécois): – Salut mon ami !
Surpris face à tant de familiarités, et pour ne pas lui manquer de respect, je décide alors de l’ignorer et ne réponds pas. Mais ce bougre continue :
– Comment va tu mon ami ?
Je suis alors tiraillé. Un « Quoi, tu veux me pécho ? » m’aurait peut-être tiré de cette délicate situation. Mais être sur la défensive n’était sans doute pas le plus judicieux. Je lui répond donc amicalement :
– Bien et toi mon ti caribou, comment tu va tu ?
S’ensuit alors un échange fort intéressant, où j’apprends qu’un autre Samuel Auguste réside au Québec, mais a 5 ans de plus que moi. Martin me dit alors que mon NAS (Numéro d’ Assistance Sociale) est valable à vie et ne changera jamais sauf si « tu épouses une tite québécoise ! ». Avant qu’il n’insiste pour me présenter sa fille, qui en bonne québécoise doit sûrement rêver d’épouser quelqu’un comme moi ne serait ce que pour obtenir la nationalité française, je lui pose la question ultime : mais à quoi sert le NAS alors que mon stage n’est pas rémunéré ? La sentence tombe alors : « Bah pour toi, pas à grand chose en fait… Mais c’est obligatoire. » (toujours avec un bon accent québécois).
Comme quoi, il y a aussi des choses qui sont comme en France !
Et où est ton fidèle assistant, le Captain 3 rivières ?
Il n’a pas pu voler jusqu’à moi, même avec un gros plat de pâtes dans le ventre ! 😉